Et pour cause ! Liffré F recevait Guichen B. Le but était de gagner et nous étions très proches de réussir. Mais nous allons voir qu'il n'y a aucun regret à avoir et pourtant, ils n'étaient pas loin de s'installer. Mais un grand ouf va soulager toute l'équipe, croyez-moi ! Je viens d'analyser pendant une heure la partie de Vivien qui s'est quand même jouée en 94 coups... Et la situation était plus délicate qu'on ne pouvait le croire. La pression a fait le reste. Mais passons au résumé :
Laurent (#4) avait les noirs pour la troisième fois consécutive. Et son adversaire a été coriace. Après une belle ouverture, Laurent fait une erreur stratégique en voulant attaquer un cavalier adverse, ce qui lui fait perdre une pièce. Tentant le tout pour le tout pour rattraper son retard, sa dame en b5 permettait d'attaquer le pion en b2, non protégé, ainsi que le cavalier en c5, mais c'était sans compter sur une feinte bienvenue chez l'adversaire qui met son cavalier en d3 et qui se prémunit contre cette offensive de Laurent. Au lieu de bétonner sa colonne b avec la tour qui peut avoir un boulevard et faire batterie avec la dame, Laurent avance son pion en d4, ce qui fait de lui un pion désormais isolé... ce qui permet à la tour de s'infiltrer et d'attaquer la dame en c5, protégée par le cavalier.
Plus tard, Laurent tentera avec sa dame une enfilade sur tour et dame, mais avec un mauvais ordre des priorités, Laurent prend d'abord la tour blanche en c8 (avec sa tour en b8) avant de prendre la dame blanche (quand bien même celle-ci est protégée par un pion) avec sa dame, mais il n'avait pas le choix en même temps car la tour adverse faisait échec s'il ne la prenait pas, il pouvait reprendre la tour de la dame,mais la perte matérielle est de deux tours dans ce cas. Bref, perte de pièce à nouveau. Il ne reste alors plus qu'une tour et quatre pions pour Laurent face à dame,cavalier, tour et cinq pions pour l'adversaire. Après une dernière enfilade qui va se retourner contre lui sur échec en perdant sa tour, Laurent, notre capitaine du jour, finira malheureusement par s'incliner. 0-1
Erwan (#3) est opposé à un adversaire qui se défend bien. Vers la deuxième phase de jeu, une enfilade d'Erwan lui permet de gagner une tour, mais c'était sans compter une petite erreur de sa part de mettre son cavalier au bord pour chasser une dame. Bien que protégé, ce même cavalier est mangé par un fou, et une longue réflexion commença. Doit-on casser la structure de pions abritant le roi afin de reprendre le fou ? La réponse a été oui. Advienne que pourra. L'adversaire est gourmand et reprend le pion en h6 avec sa dame, ce qui retire la protection d'un pion gênant qu'il s'empresse de prendre avec sa dame, laissant alors un positionnement parfait. La prise d'un deuxième pion par la dame noire n'y changera rien. Pire, la tour blanche la cloue sur une colonne. Obligé de se libérer de cette contrainte, l'adversaire fuit sur une case sans danger, libérant ainsi la colonne pour que la tour blanche puisse s'installer en c7. A partir de là, l'adversaire était en difficulté. Et le mat arriva avec le classique "baiser de la mort". 1-1
Claude (#1), de l'aveu d'un joueur d'échecs expérimenté croisé dans un couloir et qui avait observé sa partie jusqu'à maintenant, est "bon", la citation précise sera : "il est bon, votre équipier !". Laurent et moi, de retour de la salle d'analyse, à ces mots, n'étions pas surpris. Nous savions que Claude "cassait la baraque" et était le digne successeur de Jérémy en table 1. Son adversaire, qui avait les noirs, avait 220 points ELO de plus que lui, et pourtant, Claude, dans son calme olympien et sa modestie sans pareille, a su résister contre vents et marées. Le capitaine de Guichen, à sa décharge, surveillait d'un oeil assidu les parties de ses équipiers pour pouvoir prendre la meilleure décision si cela devait s'avérer nécessaire. Néanmoins, Claude et son adversaire privilégiaient un jeu positionnel d'une qualité rare (de mon point de vue de 1043 F ^^'), avec une avancée des pions très progressive et sujette à une sorte de bombe à retardement. Lors de la troisième phase de jeu, Claude guette une arrivée de mat avec batterie fou dame, mais il trouve le contre-jeu grâce à son temps d'avance et en mettant le roi en échec faisant revenir le fou. L'adversaire ne se laisse pas impressionner pour autant et arrive à ses fins en proposant la nulle. Laurent,le capitaine de l'équipe, est alors soumis à cette décision, à un moment délicat. En effet, Vivien, sur l'échiquier voisin, était en bonne voie pour la victoire. Claude, avec l'accord de son capitaine, accepta alors la nulle. Après une première analyse avec la feuille de Claude, nous en avions conclu qu'il n'y avait aucun regret à avoir car il y avait échec perpétuel de l'adversaire. Mais en regardant de plus près les deux feuilles de match, un pion avait été pris par les noirs en fin de partie selon la notation. Dans ce cas précis, les regrets peuvent être là, car la partie pouvait être relancée avec un avantage positionnel de Claude. Mais ne nous arrêtons pas là-dessus, on débute dans le management d'équipe, il n'appartenait qu'à Erwan de s'imposer et de reprendre le rôle de capitaine qu'il fait habituellement quand il n'est pas arbitre. Il a "laissé couler", pensant légitimement que le rôle décisionnel qu'a le capitaine n'aura pas lieu,comme cela arrive bien souvent. La journée du 12 mars l'a fait mentir. 1-1
Vivien (#2),avec les noirs, joue une partie fermée contre un adversaire expérimenté mais moins bien classé. L'un et l'autre se cherchent avec des petites percées positionnelles par le biais des pions. Puis, tout explose même si l'équilibre matériel est conservé. La partie est éprouvante et la succession des coups ne se fait pas sans mal ! Une erreur de l'adversaire salvatrice qui permet à Vivien de s'emparer de la tour de son adversaire. Vivien a l'avantage avec un pion avancé. Mais le cavalier adverse fait des siennes et bloque l'avancée du pion, tout en étant protégé par un fou décidément très agaçant. Mais Vivien veut laisser sa tour présente quelques temps pour immobiliser ce cavalier au bord de l'échiquier. Pendant ce temps, l'adversaire de Vivien avance ses pions. Lentement, mais sûrement, jusqu'à ce que celui situé sur la colonne h puisse être capable de faire la prise en passant si jamais Vivien voulait avancer de deux cases le pion en g7. Toujours avec une tour et son fou de case noire qui resserraient l'étau, elle ne pourra pas se permettre ce genre de facéties, pourtant, si la prise en passant n'existait pas, l'échec et mat était bien là ! Pourquoi un coup d'échecs que j'ai mis des années à comprendre et qui est souvent le tout dernier qu'on apprend d'ailleurs, la seule leçon de mon jeu "Initiation aux échecs" que je ne "captais" pas à 10 ans, me semblait-il aussi déterminant et décisif à cet instant ? Qui dit que la prise en passant était connue pas connue de son jeune adversaire ? Elle ne tentera bien évidemment pas ce coup de bluff, on est en table 2, et le joueur en face est bien trop perspicace pour ignore la prise en passant. Epuisée, Vivien rate alors une occasion d'agresser davantage le roi adverse, tant et si bien que son adversaire reprend l'avantage en ramenant son cavalier qui fera une terrible fourchette au centre pour finalement prendre le fou de Vivien, qui répliquera aussitôt en sacrifiant son pion avancé pour récupérer le fou blanc de case blanche de l'adversaire avec sa tour... Tour noire contre cavalier blanc, trois pions à l'aile roi pour chacun des des joueurs. Chacun mesure avec précision la portée de ses pièces. Malheureusement, Vivien, en voulant enfermer le roi avec un échec, donne sa tour... Après une proposition de nulle de la part de son adversaire il y a une quinzaine de coups, c'est maintenant Vivien qui demande la nulle, consciente qu'avec son seul cavalier et un pion, l'adversaire aura bien du mal à mater. Eh bien, Johan Guicquero aura su me faire mentir et réussit ce que je considère un exploit positionnel assez fou en matant Vivien en h8 avec son cavalier en f7, un pion en h7 et le roi blanc chapeautant les deux en g6. Vivien avait pour objectif de stopper la promotion du pion. Si le pion avait été promu, il y aurait eu dame et "le baiser de la mort" peu de temps après. Mais il faut bien avouer que cet échec et mat avec cavalier, pion et roi m'a relativement subjugué, surtout qu'il a été amené avec pas mal d'allers-retours du cavalier. Pour que tout se synchronise et que le cavalier se place comme une fleur sur la case f7, exactement comme la dernière pièce d'un puzzle qui manquait, j'ai trouvé ça superbe quand bien même c'était le joueur de l'équipe adverse. Comme quoi, c'est toujours agréable d'être surpris par ce genre de coup inattendu... 1-2
Belles rencontres et de très belles et longues parties ! C'est exactement ce que nous recherchons après tout et nous avons été servis ! Il reste une ronde, et la joie de jouer "sera toujours là" comme dirait ET à Eliott dans le film éponyme !!!